vendredi 26 décembre 2014

Papillon de nuit




"Nous sommes dans l'inconcevable, mais avec des repères éblouissants."
René Char

lundi 8 décembre 2014

La mer secrète

Quand nul ne la regarde
La mer n’est plus la mer,
Elle est ce que nous sommes
Lorsque nul ne nous voit.
Elle a d’autres poissons,
D’autres vagues aussi.
C’est la mer pour la mer
Et pour ceux qui en rêvent
Comme je fais ici.

Jules Supervielle, La Fable du monde

mercredi 26 novembre 2014

L'eau fraîche


J'arrive tout couvert encore de rosée 
Que le vent du matin vient glacer à mon front. 
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée 
Rêve des chers instants qui la délasseront.

Green 
[ Paul Verlaine ] Citation pieds - Dico citations

dimanche 9 novembre 2014

Prendre le frais


Il fait nuit. Négligemment appuyée au bastingage de ce paquebot de luxe où elle gaspille sa vie en s’étourdissant dans de vaines et onéreuses bambochades, elle regarde l’écume blanche friser le haut des vagues... lire la suite [...]


mercredi 15 octobre 2014

L'ombrelle



[...] 
Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l’astre irise…
C’est l’heure exquise.
Paul Verlaine, La Bonne Chanson

lundi 29 septembre 2014

Le Rossignol





Comme un vol criard d'oiseaux en émoi,
Tous mes souvenirs s'abattent sur moi,
S'abattent parmi le feuillage jaune
De mon coeur mirant son tronc plié d'aune
Au tain violet de l'eau des Regrets,
Qui mélancoliquement coule auprès,
S'abattent, et puis la rumeur mauvaise
Qu'une brise moite en montant apaise,
S'éteint par degrés dans l'arbre, si bien
Qu'au bout d'un instant on n'entend plus rien,
Plus rien que la voix célébrant l'Absente,
Plus rien que la voix -ô si languissante!-
De l'oiseau qui fut mon Premier Amour,
Et qui chante encor comme au premier jour;
Et, dans la splendeur triste d'une lune
Se levant blafarde et solennelle, une
Nuit mélancolique et lourde d'été,
Pleine de silence et d'obscurité,
Berce sur l'azur qu'un vent doux effleure
L'arbre qui frissonne et l'oiseau qui pleure.

             Paul Verlaine, Poèmes saturniens

lundi 15 septembre 2014

La Pensive


Glissant de l’épaule à la hanche,
La chemise aux plis nonchalants,
Comme une tourterelle blanche
Vint s’abattre sur ses pieds blancs.
Pour Apelle ou pour Cléomène,
Elle semblait, marbre de chair,
En Vénus Anadyomène
Poser nue au bord de la mer.

Théophile Gautier


dimanche 31 août 2014

Fin d'été


[...] Que je t’aime quand sur ma poupe
Des festons de mille couleurs,
Pendant au vent qui les découpe,
Te couronnent comme une coupe
Dont les bords sont voilés de fleurs![...]

Alphonse de Lamartine
Adieux à la mer

jeudi 14 août 2014

Princesse du désert

A Bizak

Déserts charmants, mon cœur, formé pour vous,
Toujours vous cherche en sa mélancolie.
A ton aspect, solitude chérie,
Je ne sais quoi de profond et de doux
Vient s’emparer de mon âme attendrie.

François-René de Chateaubriand

dimanche 3 août 2014

Les papillons

Pour Asphodèle



"Ecrire, c'est dessiner une porte sur un mur infranchissable, et puis l'ouvrir."
Christian Bobin, l'Homme-joie.

samedi 26 juillet 2014

Sur le pont


Et la troisième est seule au monde
En large, en long, en vert, en bleu,
Et la troisième est seule au monde
Avec le soleil au milieu.
Max Elskamp, Huit chansons reverdies

dimanche 6 juillet 2014

Les roses


 J'ai voulu ce matin te rapporter des roses
mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes 
que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir. 


Marceline Desbordes-Valmore

Pour Antiblues

lundi 23 juin 2014

jeudi 12 juin 2014

La divine

Le rideau de ma voisine 
Se soulève lentement. 
Elle va, je l'imagine, 
Prendre l'air un moment.[ ...]
Alfred de Musset

vendredi 30 mai 2014

La féline


Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin;

Leurs reins féconds sont pleins d'étincelles magiques,
Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin,
Ètoilent vaguement leurs prunelles mystiques.


Charles Baudelaire - les Chats

dimanche 18 mai 2014

La secrète


Le ciel si pâle et les arbres si grêles
Semblent sourire à nos costumes clairs
Qui vont flottant légers avec des airs
De nonchalance et des mouvements d’ailes.

Paul Verlaine
A la promenade (fêtes galantes)

dimanche 11 mai 2014

La parenthèse



.
[...]Et si, vous accoudant sur la rampe de marbre
Qui palpite au grand vent comme une branche d’arbre
Vous dirigez en bas un œil moins effrayé
Vous verrez la campagne à plus de trente lieues
Un immense horizon bordé de franges bleues
Se déroulant sous vous comme un tapis rayé[...]
Théophile Gautier

dimanche 4 mai 2014

Vertige

De ce besoin de voir téméraire victime, 
Du haut de la raison je sonde avec stupeur 
Le dessous infini de ce monde trompeur, 
Et je traîne avec moi partout mon gouffre intime. 
Sully Prudhomme

mardi 29 avril 2014

Avant l'envol



Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins; 

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes!


     Charles Baudelaire

dimanche 13 avril 2014

Pleine Lune


Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse
Ainsi qu'une beauté sur de nombreux coussins
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins [...]

Charles Baudelaire
,

mercredi 9 avril 2014

La barque

Pour Andiamo

La lune de ses mains distraites
A laissé choir, du haut de l'air,
Son grand éventail à paillettes
Sur le bleu tapis de la mer.
Pour le ravoir elle se penche
Et tend son beau bras argenté ;
Mais l'éventail fuit sa main blanche,
Par le flot qui passe emporté.
Théophile Gautier

dimanche 23 mars 2014

La songeuse d'équinoxe


À l’endroit où les fleuves se jettent dans la mer, il se forme 
une barre difficile à franchir, et de grands remous écumeux où 
dansent les épaves. Entre la nuit du dehors et la lumière de la 
lampe, les souvenirs refluaient de l’obscurité, se heurtaient à la 
clarté et, tantôt immergés, tantôt apparents, montraient leurs 
ventres blancs et leurs dos argentés.

Boris Vian
L'écume des jours

mercredi 19 mars 2014

Circé ou l'arbre à lucioles



Promenant le regard savant 
De ses grands yeux d'aigues-marines, 
Circé cherche d'où vient le vent 
Qui lui caresse les narines.

Charles Cros

dimanche 16 mars 2014

Dans les nuages


- Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!
Baudelaire

dimanche 9 mars 2014

Un raton laveur


Une pierre
deux maisons
trois ruines quatre fossoyeurs
un jardin
des fleurs
un raton laveur [...]

Jacques Prévert

mardi 4 mars 2014

Le Belvédère


Car je serai plongé dans cette volupté
D'évoquer le Printemps avec ma volonté,
De tirer un soleil de mon coeur, et de faire
De mes pensers brûlants une tiède atmosphère. 
Baudelaire

lundi 17 février 2014

Sur le fil

Mais l'étoile se dit : " Je tremble au bout d'un fil,
Si nul ne pense à moi je cesse d'exister. "
Jules Supervielle 

dimanche 9 février 2014

Le rocher

Qu'importe ! Ici tout berce, et rassure, et caresse.
Plus d'ombre dans le coeur ! plus de soucis amers !
Une ineffable paix monte et descend sans cesse
Du bleu profond de l'âme au bleu profond des mers.
Victor Hugo

lundi 3 février 2014

Brume

"Quel est l'homme, même étant un fantôme, qui ne risquerait pas un œil sur cette lumière, diaphane comme un cristal transparent qui brille et qui traverse vos pupilles qui se contractent mais restent ouverts devant l'apparition énigmatique, visible et fabuleuse d'une fée des bois, ivre de joie, de vin, de poésie, d'amour et d'eau fraîche, comme un astre enveloppé d'un halo de vapeur..."  Bizak

lundi 20 janvier 2014

La gracieuse


"Ses cheveux tombaient sur ses hanches 
Et la semaine et le dimanche 
Elle ouvrait à tous ses bras nus" 
Aragon (Est-ce ainsi que les hommes vivent)

mardi 14 janvier 2014

Pleine lune


Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort, 
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile :
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.

jeudi 2 janvier 2014

Hirondelles


"Je comprends tout ce qu'elles disent,
Car le poète est un oiseau "
Théophile Gautier